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Être humain : semer des projets vivants dans un monde désenchanté

Que signifie Etre humain ?

Dans mon nouvel espace de travail, face à mon bureau quercynois, il y a une cheminée.

Cette cheminée, bouchée il y a quelques années, accueille aujourd’hui un autre type de feu : celui de mes projets. Chacun d’eux repose sur une carte, elle même scotchée sur le manteau. Ce n’est pas une simple collection de cartes ; c’est un tissu de relations, un écosystème vivant, des projets auxquels je participe avec conscience.

Sur l’une de ces cartes, j’ai noté une question ouverte, une question, à laquelle ces projets donnent de l’espace : « What being human means? ».

C’est une question qui m’accompagne depuis longtemps. Depuis mes premiers pas dans une forêt. Mon premier face-à-face avec la merveilleuse rosace de Notre-Dame de Paris. Ma première visite au zoo face à des espaces que nous avons enfermés, et mes voyages en métro dans lequel nous nous enfermons nous-même. Cette question me revient encore, lorsque je me retrouve face à mes cartons pleins de livres d’auteurs-illustrateurs fabuleux, des images pas si lointaines de mers de plastique, quand mon regard croise des jeunes encapuchonnés voutés sur leurs portables à la terrasse d’un café, ou lors des réunions Zoom interminables alors que dehors la vraie vie s’écoule densément.

Qu’est-ce que cela signifie d’être humain dans ce monde ? Lancinante question, que je pose parfois à mon astrologue.

Il me répond inlassablement que je suis là pour évoluer spirituellement. Réponse classique, presque prévisible, note mon Observateur intérieur, qui enregistre avec une légère frustration cette absence d’engagement. Pour lui, être humain signifie porter le fardeau et la bénédiction de notre karma, tout en accomplissant notre dharma.

Une vision que je trouve parfois aussi aride que celle de Sisyphe, éternellement condamné à pousser sa pierre sans relâche vers un sommet, seulement pour la voir retomber encore et encore. Ce parcours d’évolution semble, sous cet angle, une tâche sans fin, un effort perpétuel. Où est donc la vitalité, la créativité, dans cette vision d’un cycle sans cesse renouvelé ?

Est-ce réellement là tout ce qu’il y a à être humain ? Si demain est ma dernière journée de vie sur Terre, j’ai envie d’un autre jeu.

Mon anthropologue intérieur s’agite.

Le sens de notre vie sur Terre ne nous est pas donné ; n’est-il pas de notre responsabilité individuelle et collective de le chercher ?

Entre Destructeurs et Bâtisseurs

Au cours de l’histoire, nous, les humains, avons été à la fois des Bâtisseurs et des Destructeurs. Un jeu d’ombres et de lumières.

Si un arbre pluricentenaire pouvait nous parler, il nous dirait probablement que quelque chose en nous a changé.

Notre relation à la Terre s’est transformée. Nous sommes passés d’une reliance sacrée au Vivant à un monde dominé par la rationalité scientifique et la bureaucratie. Nous avons perdu la magie, ce lien mystique qui nous connectait au mystère de la vie. À mesure que le monde est devenu plus compréhensible, il est aussi devenu plus désenchanté. Ce désenchantement, comme l’explique Max Weber, a transformé notre quête de sens. Nous ne bâtissons plus de cathédrales, au sens d’œuvres monumentales destinées à durer des générations, mais des projets éphémères qui répondent aux impératifs économiques.

Après des millénaires de spiritualité, de vie en résonance avec le monde autour de nous, nous avons, en quelques siècles seulement, perdu notre enracinement dynamique au sein de Gaïa, celle qui soutient toute forme de vie, qu’elle soit pierre, océan, atmosphère ou humanité.

Sans les explications magiques ou religieuses de la nature, la vie devient une machine : un ensemble de lois physiques et biologiques que la science peut expliquer. Et si Dieu est un grand horloger, alors nous sommes ses mécanos, des pions voués à la dépression, comme Charlot dans les Temps Modernes. L’ordinateur a remplacé la chaîne de montage, mais rien n’a changé si ce n’est le vocabulaire: la dépression fait elle plus mal sous le terme de burn-out ?

Musk et Gates, les Gardiens du système ?

88 ans après le film de Chaplin, l’humanité continue de s’enfoncer dans le désastre. Corruption systémique, manipulation psychologique, propagande médiatique et ingénierie sociale… Pendant que la planète brûle et qu’Elon Musk s’agite pour « occuper Mars », nous faisons face à une tentative de coup d’État planétaire.

Les Destructeurs sont toujours bien à l’œuvre. Mais où sont les Bâtisseurs ?

Dans le cadre dominant actuel, deux figures dominent l’imaginaire actuel du progrès humain : Elon Musk et Bill Gates. Leurs visions de l’avenir ne manquent pas d’ambition, mais elles contrastent profondément avec ma quête de sens régénératif.

Elon Musk voit l’humain comme un explorateur et un innovateur technologique. Pour lui, être humain signifie repousser les frontières de la science, conquérir l’espace et garantir la survie de l’espèce humaine à travers la colonisation de Mars. Musk incarne cette vision d’un monde technologique où l’innovation est présentée comme la solution à tous les problèmes, qu’ils soient climatiques ou existentiels. Mais cette perspective est ancrée dans une logique de domination et de contrôle de la nature, plutôt que de co-création avec elle. La planète Terre devient une simple étape transitoire, une plateforme de lancement pour conquérir de nouveaux mondes.

Cependant, derrière cette façade de génie innovateur se cache une vision de fuite. Plutôt que de régénérer la Terre, Musk semble avoir déjà condamné notre planète. Mars devient alors une échappatoire pour une élite, pendant que la Terre continue de s’effondrer sous le poids des conséquences de leurs actions. Son message est clair : l’humanité doit regarder vers les étoiles, non pas pour s’élever spirituellement, mais pour échapper au chaos qu’elle a elle-même engendré.

Il ne s’agit pas d’une quête pour le bien commun, mais d’un projet de survie des plus riches, ceux qui pourront s’offrir une place dans ses fusées. Pendant que la majorité des humains continueront à se battre pour des ressources en déclin sur une planète dévastée, Musk, lui, se voit déjà à la tête de sa propre civilisation martienne, loin des conséquences de la dégradation à laquelle il aura lui-même contribué.

Ce n’est pas une vision de l’avenir pour l’humanité, c’est une vision pour une poignée d’élus, une dystopie digne d’Hollywood, où certains espèrent laisser la majorité de l’humanité derrière eux, à se débrouiller dans un monde en ruine. Ici, la technologie n’est pas un outil de libération ou de régénération, mais une arme d’évasion, réservée à ceux qui se considèrent au-dessus du reste de l’humanité, tout cela sous couvert de progrès.

Quant à Bill Gates, sa vision se veut plus pragmatique en apparence, mais elle cache des relents malthusiens. Il voit l’humanité comme un résolveur de problèmes, capable de corriger les désastres de son propre système à travers la technologie et la philanthropie. Pour Gates, être humain, c’est utiliser la science pour maîtriser les crises globales – qu’il s’agisse de la pauvreté, des maladies, ou du changement climatique. Mais derrière cette façade de bienveillance technologique se dessine une autre ambition, moins avouée.

Sous couvert d’humanisme, Gates prône en réalité une gestion des populations qui s’aligne avec une certaine vision élitiste de l’avenir de l’humanité. Il s’agit de maintenir les masses sous contrôle, de manière douce mais efficace, en dirigeant leurs comportements à travers des solutions technologiques dictées par une poignée de décideurs. L’idée de réguler l’accès aux ressources, de contrôler la santé publique et de prévenir les naissances dans certaines régions du monde n’est jamais loin de ses projets. Malthus n’est pas mort, il s’est simplement rhabillé en philanthrope de la Silicon Valley.

Ainsi, la philanthropie de Gates ressemble davantage à un projet de domination mondiale déguisé, où la technologie devient un outil pour non pas émanciper les individus, mais plutôt les surveiller et les gérer au nom d’un progrès contrôlé. Un progrès qui, finalement, ne sert que les intérêts des quelques privilégiés qui se trouvent au sommet de cette pyramide du pouvoir. Ces visions dominantes reflètent un modèle extractif, où la technologie est l’ultime solution pour prolonger un système défaillant. Pour Musk, l’humanité doit coloniser Mars pour survivre ; pour Gates, elle doit exploiter la science et la philanthropie pour réparer les dégâts de la modernité. Les deux s’accordent sur l’idée que l’humanité doit se sauver elle-même, souvent au détriment d’un retour à des solutions plus en harmonie avec le Vivant.

Ma Vision : Être Humain, semer des projets régénératifs comme les EM®

Personnellement, je ne crois pas que l’avenir de l’humanité réside dans la technologie pour fuir la Terre ou pour réparer les dégâts d’un système malade. Pour moi, être humain signifie se réconcilier avec Gaïa, et adopter une approche régénérative, qui favorise la vie en collaboration avec elle plutôt que l’exploitation.

Inspirée par le monde des micro-organismes efficaces (EM®), je vois dans ces projets régénératifs une métaphore puissante. Tout comme les EM® de Teruo Higa régénérent les sols et en influençant positivement les micro-organismes neutres ou destructeurs, les projets régénérateurs que nous initions, peuvent influencer les systèmes en place, incitant les opportunistes à suivre un chemin de transformation positive. Nous, les Humains, sommes comme un grand troupeau de moutons sur une colline. Nous savons où se trouve la vallée fertile, là où l’herbe est plus verte, l’air plus pur, et l’eau plus claire. Pourtant, la plupart d’entre nous continuons à marcher en cercle, suivant les traces déjà usées de nos prédécesseurs, parce qu’il est plus facile de rester sur un chemin connu, même si ce n’est pas celui qui nous nourrit vraiment.

Cependant, je crois que de plus en plus de personnes s’arrêtent, lèvent la tête et regardent cette vallée. À l’intérieur de nous, nous sommes nombreux à ne plus pouvoir supporter quelque chose d’aussi faux et toxique que ce monde globalo-fasciste que l’on nous vend. Tout comme les EM® agissent sur les micro-organismes neutres , les projets régénératifs peuvent influencer positivement les systèmes actuels, en entraînant avec eux les forces opportunistes pour les rediriger vers un modèle plus durable, plus en harmonie avec la nature.

L’Humanité, une espèce clée ?

Répondre à la question « que signifie être humain », c’est aussi envisager, avec humilité, que nous sommes une espèce clé. Le terme « Keystone Species » (espèce clé de voûte) a été introduit en 1969 par l’écologiste américain Robert Paine. Paine a utilisé cette métaphore pour décrire des espèces qui ont une importance disproportionnée par rapport à leur nombre dans un écosystème. Tout comme une clé de voûte dans une arche, qui est la pierre centrale maintenant la structure en place, ces espèces jouent un rôle essentiel dans le maintien de la structure et du fonctionnement de leur environnement naturel.

A l’origine de ce terme, l’expérience de Paine dans les écosystèmes marins : il a observé que lorsqu’une espèce prédatrice, l’étoile de mer Pisaster ochraceus, était retirée d’un écosystème côtier, la diversité biologique de cet environnement diminuait drastiquement. La population de moules, l’une des proies de l’étoile de mer, a explosé, réduisant la variété des autres espèces. Cette expérience a montré que l’étoile de mer jouait un rôle crucial dans le contrôle des populations de certaines espèces et, par conséquent, dans le maintien de l’équilibre de l’écosystème. Paine a donc utilisé la métaphore de la clé de voûte pour expliquer que, tout comme cette pierre maintient l’ensemble d’un arc en place, une espèce clé de voûte maintient la structure écologique et la diversité d’un écosystème. Sans cette espèce, l’écosystème peut s’effondrer ou devenir beaucoup moins stable et diversifié. Depuis, le concept d’espèce clé de voûte est devenu fondamental en écologie pour comprendre l’importance des interactions entre les espèces et leur environnement, et pour souligner que certaines espèces, même en petit nombre, peuvent avoir un impact majeur sur leur écosystème.

Sommes-nous une espèce clé de voute ? Avons-nous un rôle fondamental et irremplaçable à jouer dans le maintien ou la régénération de la vie sur Terre, en étant une partie active et responsable de cet équilibre global ? Les tenants de l’agriculture syntropique te diraient que oui. Et j’ajouterais que dire cela n’est pas un manque d’humilité. Ni de l’humanisme, une notion anthropencentrée, avec laquelle je sens toujours une dissonance forte quand certains de mes pairs dans l’éco-système slowpreneurial s’y rattache.

Ainsi, en affirmant que nous avons un rôle intégral à jouer, je ne défends pas cet humanisme classique, mais plutôt une vision régénérative, où l’humain reconnaît son appartenance à un tissu de relations avec toutes les formes de vie. Ce rôle n’est pas celui d’un maître, mais d’un gardien, conscient de sa responsabilité vis-à-vis de la Terre, des autres espèces, et des générations futures. Loin de l’idée de domination ou de séparation, c’est une vision où l’humain co-crée avec la nature, réintégrant sa place dans un tout plus vaste, en quête d’équilibre et de réciprocité

Les cultures régénératives partent de cette conviction que l’humanité a un potentiel unique et une capacité de régénérer la santé planétaire. Si nous échouons à jouer ce rôle, Gaïa – la biosphère – nous évincera de son écosystème pour sa propre survie.

Je crois profondément que nous avons la capacité de créer les conditions favorables à la vie, non pas en fuyant sur Mars ou en réparant le système existant, mais en semant des projets qui nourrissent la vie dans toutes nos actions quotidiennes. Des pratiques régénératives pour les eaux et les sols avec les EM® et le bokashi , à l’exploration du slowpreneuriat et des communications régénératives, je mets déjà ces idées en pratique et m’applique chaque jour à la diffusé du web à mon village du Tarn et Garonne.

Conclusion : Bâtir les cathédrales du futur

Je ne crois pas à l’absurdité de la vie humaine telle que décrite par Camus, ni à l’idée que nous serions condamnés à pousser éternellement une pierre. Nous avons, au contraire, la capacité de bâtir des cathédrales régénératives qui bénéficieront aux générations futures. Cela demande de semer des projets porteurs de vie, tout comme on ensemence un sol stérile avec des EM®, influençant ainsi les opportunistes et redirigeant l’énergie collective vers des solutions qui nourrissent la planète et ses habitants. C’est ce que je constate dans mes accompagnements en Communications Régénératives avec re:storied où des acteurs engagés incarnent déjà cette transformation.

Être humain, c’est choisir de se reconnecter au tissu du Vivant. La régénération n’est pas un concept élitiste, idéologique ou dogmatique. Elle nous invite à voir la vie non plus comme une série d’objets isolés, mais comme une trame de relations interconnectées. Nous ne sommes pas de simples individus séparés ; nous sommes avant tout des êtres relationnels, profondément liés au vivant. Aujourd’hui, nous sommes appelés à réactiver ensemble notre capacité d’émerveillement et notre potentiel créatif, afin de co-créer un avenir en harmonie avec la Terre, tout en rejetant les visions d’évasion ou les solutions technocratiques face aux crises.

Être humain, c’est choisir de co-créer avec Gaïa, de tisser des relations de réciprocité et de bâtir ces cathédrales régénératives qui serviront les générations futures.

Je crois profondément que nous pouvons régénérer notre place sur Terre. Nous sommes des Bâtisseurs, et il est temps de reprendre nos outils pour créer les cathédrales qui honoreront la beauté et l’abondance de la Vie.

Emilie Grau
Emilie Grau
Fondatrice @les.Slowpreneurs

Facilitatrice d’espaces de transformation individuels et collectifs pour un entrepreneuriat plus serein et plus vivant, je suis à l’initiative du mouvement slowpreneurial en France.

Je suis spécialisée dans l’accompagnement à la transition vers le Slowpreneuriat et l’Entrepreneuriat Régénératif. Je collabore avec les entrepreneurs sensibles, créatifs et atypiques qui souhaitent cultiver leur vitalité, leur joie et leur créativité pour incarner un Business Régénérateur pour eux et la planète.

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